Le juge Baltasar Garzon défend une justice réparatrice au Pays Basque

Entrevista en Mediabask publicada el 17 de julio 2022

Interrogé sur la transition démocratique dans le cadre d’un atelier programmé au Festival d’Avignon, le magistrat madrilène Baltasar Garzon s’est dit favorable à la justice réparatrice sur la question basque.

Acteur du conflit basque alors qu’il était magistrat à l’Audiencia Nacional de Madrid, Baltasar Garzon a été interrogé sur la transition démocratique au Pays Basque, lors d’une conférence organisée au Festival d’Avignon avec Amnesty International France. Dimanche 17 juillet, en réponse à une question posée par le juge Eric Alt, Baltasar Garzon s’est dit favorable à une justice réparatrice et à une mémoire démocratique dans le cas du conflit basque.

Le créateur du concept « tout est ETA », qui a jeté en prison des militants de mouvements abertzale autres que l’organisation ETA en les rendant illégaux, estime que les temps ont changé. « Nous sommes dans une phase historique totalement différente à partir de 2011, ETA a abandonné les armes et en 2017-2018, elle s’est dissoute entièrement. Je crois qu’il est temps que l’on avance dans des formes de justice réparatrice, c’est très important », a déclaré le juge devant le public de l’Atelier de la Pensée, consacré aux « enjeux du récit en matière de droits humains ». Cette séance devait aborder les questions du travail de mémoire et des possibilités d’un récit des victimes, la lutte contre l’impunité des dictatures, la protection des lanceurs d’alerte et de Julian Assange, que le magistrat espagnol défend.

« L’hypothèse démocratique »

En posant sa question, le juge Eric Alt, par ailleurs connu pour ses responsabilités au sein de l’association Anticor, a fait référence au film de Thomas Lacoste « L’Hypothèse démocratique », « où il est question d’anciens membres de l’ETA [qui] développent aujourd’hui une démarche pacifique qui met un terme définitif à ce combat et, de façon générale, la question de la transition démocratique », a-t-il contextualisé. Et il s’est adressé à lui : « Comment appréciez-vous cette démarche si vous en avez connaissance ? »

Le juge proche du Psoe, actuellement au pouvoir à Madrid, a rappelé que la gauche abertzale participe « démocratiquement » aux institutions espagnoles. Il a souligné l’importance de construire une mémoire démocratique tant dans un sens que dans l’autre – faisant allusion à la guerre sale menée par des mercenaires téléguidés par des membres du gouvernement socialiste dans les années 80 – et pas uniquement aux faits qui incombent à ETA. Il a jugé que « ne pas avancer, c’est laisser dominer l’esprit de vengeance. […] Je crois que ce rapprochement, ce dialogue, cette reconnaissance de ce qui a été mal fait, cette demande de pardon, sont nécessaires pour reconstruire ».

Le son de ces échanges a été téléchargé sur Internet par les promoteurs du film-documentaire, qui annoncent de nouvelles dates de projection dans les semaines à venir au cinéma Getaria-Enea à Guéthary et à L’Atalante à Bayonne.

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